Entretien professionnel dans le secteur bancaire 

Contexte et état des lieux

Dans le tumulte réglementaire du secteur bancaire, l’entretien professionnel s’impose comme un pilier incontournable de toute stratégie RH responsable. Selon Service-public.fr, il s’agit d’une obligation légale imposée à toutes les entreprises, à effectuer tous les deux ans pour chaque salarié. Son objectif ? Discuter exclusivement des perspectives d’évolution professionnelle, analyser les compétences et envisager les formations pertinentes comme le CPF, la VAE ou encore le CEP.

 

Mais attention : dans les établissements de 50 salariés ou plus, soit l’immense majorité des banques françaises, le non-respect de cette obligation entraîne une sanction financière automatique : un abondement de 3 000 € sur le compte personnel de formation (CPF) du salarié concerné. Autant dire que l’enjeu est à la fois stratégique et économique !

Dans le secteur bancaire, l’entretien professionnel prend une dimension encore plus structurante. 

Pourquoi ? Parce que les obligations réglementaires et les exigences en matière de certifications (AMF, lutte anti-blanchiment, conformité) sont nombreuses. Intégrer dès l’entretien ces dimensions permet non seulement de rester conforme, mais aussi de transformer une contrainte légale en levier d’engagement et de mobilité interne.

Enfin, lors du bilan à 6 ans, l’entreprise doit démontrer que le salarié a bien bénéficié de ses entretiens, mais aussi d’au moins une formation non obligatoire. Sans quoi, la sanction CPF s’applique également. Résultat : les services RH bancaires ne peuvent se permettre aucune approximation. L’entretien professionnel dans le secteur bancaire devient une boussole stratégique au cœur des enjeux de gestion des talents.

Spécificité liées au secteur bancaire

Première erreur fréquemment observée en banque : confondre entretien professionnel et entretien annuel d’évaluation. Le premier se concentre sur le développement de carrière et les aspirations du collaborateur ; le second mesure la performance sur les objectifs passés. Ne pas faire la différence expose l’établissement à une non-conformité. Il est pourtant possible, depuis une jurisprudence récente de 2023, de les organiser à la même date, à condition que les objectifs restent bien dissociés.

Autre point de vigilance critique : l’entretien de reprise. Il est obligatoire après certains congés spécifiques (maternité, longue maladie, congé sabbatique, mandat syndical), et souvent sous-estimé dans les banques. Or, en cas de contentieux ou d’absence de suivi, cela peut être interprété comme un défaut d’accompagnement RH. Toute banque souhaitant éviter une

jurisprudence sociale coûteuse doit intégrer ces entretiens de reprise dans son plan de suivi RH.

Enfin, il est essentiel de dépasser une vision minimaliste de la formation en banque. Se limiter aux seules formations obligatoires (lutte contre le blanchiment, sécurité financière, conformité réglementaire…) est non seulement insuffisant, mais aussi juridiquement risqué. Les banques doivent inclure des actions de développement de compétences plus larges : digital, ESG, pilotage commercial, soft skills…

En valorisant ces dimensions dans les entretiens professionnels, les établissements bancaires renforcent leur capacité à fidéliser les talents, à structurer les passerelles métiers et à anticiper les transformations réglementaires. L’enjeu ? Faire de chaque entretien un outil opérationnel au service de la stratégie RH et de la performance globale.

Entretien Professionnel dans le secteur bancaire 

3. Pourquoi bien mener les entretiens professionnels dans le secteur bancaire

Au-delà de l’obligation légale, un entretien professionnel bien structuré est une véritable opportunité, autant pour les salariés du secteur bancaire que pour les départements RH. C’est un levier stratégique de développement des compétences, de rétention des talents et d’alignement des parcours individuels sur les enjeux de l’entreprise.

Pour le salarié : un tremplin d’évolution

Dans un environnement bancaire en constante mutation (conformité, digitalisation, finance durable…), les collaborateurs doivent rester agiles. Mener l’entretien professionnel dans le secteur bancaire avec sérieux permet de :

  • Identifier des opportunités de carrière concrètes : mobilité transversale, montée en responsabilités, reconversion interne.
  • Faire reconnaître et valoriser les compétences acquises : notamment via la VAE ou le CEP.
  • Planifier des actions de développement ciblées : certifications (AMF, conformité), formations soft skills ou digitales.

Un collaborateur qui visualise son avenir professionnel au sein de l’entreprise est un salarié engagé. Il devient plus acteur de son parcours, plus proactif dans l’acquisition de compétences et moins enclin à se tourner vers la concurrence.

Pour l’entreprise : sécurisation et fidélisation

Du point de vue des RH bancaires, des entretiens professionnels bien orchestrés contribuent directement à plusieurs objectifs clés :

  • Assurer la conformité légale : en évitant les sanctions CPF lors du bilan à 6 ans.
  • Renforcer la rétention des talents : un salarié écouté, accompagné et formé est moins enclin à quitter l’entreprise.
  • Nourrir une logique de mobilité interne : en anticipant les évolutions métier et en préparant les futurs besoins en compétences.

En intégrant rigoureusement les entretiens dans une démarche de GPEC (gestion prévisionnelle des emplois et compétences), les établissements bancaires transforment une contrainte administrative en avantage compétitif. L’entretien devient un moment fort de dialogue, de projection et de co-construction du futur.

4. Les erreurs à éviter et stratégies pour réussir en banque

Dans les faits, de nombreuses banques commettent encore des erreurs qui plombent l’efficacité, et la conformité, de leurs entretiens professionnels. Voici les cinq erreurs fatales à éviter, suivies des meilleures pratiques pour transformer chaque entretien en outil RH performant.

Erreur n°1 : Ne pas différencier évaluation et entretien professionnel

Le piège classique : fusionner les deux exercices sans clarifier les objectifs. Le risque de confusion juridique est réel. La jurisprudence autorise la tenue concomitante des deux entretiens (depuis 2023), mais exige des trames bien distinctes. Conseil : établissez deux grilles séparées ou deux temps successifs pour sécuriser l’approche.

Erreur n°2 : Oublier les entretiens de reprise

Trop souvent négligés, les entretiens de reprise (après congé maternité, arrêt long, mandat syndical…) sont pourtant obligatoires. Leur absence fragilise l’accompagnement RH et peut entraîner des risques contentieux importants. Solution ? Intégrer systématiquement ces échéances dans le planning RH et les coupler aux dispositifs de retour à l’emploi adaptés (parcours progressivement réintégrés, formations douces, coaching).

Erreur n°3 : Se limiter aux formations règlementaires

Former uniquement sur la conformité, c’est cocher les cases minimales… mais ratez les bénéfices de montée en compétence. Un entretien professionnel dans le secteur bancaire efficace doit explorer les besoins de développement élargis du collaborateur : outils digitaux, ESG, finance verte, soft skills managériales. Les formations non obligatoires doivent représenter un véritable pilier du plan d’action post-entretien.

Erreur n°4 : Négliger les certifications clés

Les certifications bancaires (AMF, DDA, LAB/FT) ne sont pas de simples contraintes : elles peuvent être positionnées comme de véritables passeports de mobilité interne. Dans un entretien, encouragez le salarié à anticiper son plan de certification, en lien avec son parcours cible. Conseil stratégique : utilisez ces certifications comme indicateurs de progression et de flexibilité métier.

Erreur n°5 : Absence de coordination RH – formation – conformité

Dans nombre d’établissements, chaque service mène son agenda… sans réelle synchronisation. Or, un entretien professionnel pertinent repose sur la croisation des données RH, formation et conformité. Bonnes pratiques :

  • Créer un référentiel métier structuré : par famille de postes (conseiller, analyste, back-office…)
  • Centraliser les données dans le SIRH : suivi des échéances, historique de formation, objectifs fixés.
  • Impliquer les managers : en les formant avec l’aide des OPCO au pilotage professionnel de carrière.

Résultat ? Vous gagnez en traçabilité, crédibilité RH et capacité à répondre sereinement aux audits internes ou régulateurs (ACPR, Audits internes, inspection du travail).

En évitant ces erreurs entretien professionnel et en structurant vos stratégies RH autour de référentiels clairs, certifications bancaires et plans d’action post-entretien, vous posez les bases d’une politique RH performante, alignée avec les exigences du secteur financier en 2024.

Voyons maintenant les questions les plus fréquentes que se posent les professionnels RH et les managers sur l’entretien professionnel…

l'entretien Professionnel dans le secteur bancaire 

FAQ sur l’entretien professionnel dans le secteur bancaire

Quelles sont les différences entre un entretien professionnel et un entretien annuel d’évaluation en banque ?

L’entretien professionnel se concentre sur les perspectives d’évolution de carrière, les compétences à développer et les formations à envisager. Il est obligatoire tous les deux ans pour tous les salariés. L’entretien annuel d’évaluation, lui, vise à évaluer la performance sur les objectifs passés. En banque, il est crucial de ne pas confondre les deux, même si la tenue à une même date est possible depuis 2023, à condition de bien distinguer leurs objectifs respectifs.

Quels sont les risques liés à la non-réalisation des entretiens professionnels dans une banque ?

Le non-respect de cette obligation expose les établissements bancaires à des sanctions financières automatiques : 3 000 € d’abondement sur le CPF du salarié, notamment si aucun entretien n’a été réalisé ni formation non obligatoire suivie en six ans. En cas d’audit interne ou de contrôle de l’ACPR, l’absence de formalisation représente également un risque juridique important.

Comment bien préparer un entretien professionnel quand on travaille dans le secteur bancaire ?

Pour optimiser un entretien professionnel en banque, il est recommandé de :

  • Analyser les compétences actuelles avec un référentiel métier adapté au poste.
  • Identifier des besoins de formation au-delà du socle réglementaire (AMF, LAB/FT, cybersécurité, soft skills).
  • Se projeter sur des passerelles métiers internes, en lien avec les mobilités envisageables.
  • Préparer un plan de développement incluant intentions de certification et dispositifs comme le CEP ou la VAE.

Un outil de suivi SIRH peut également aider à centraliser les éléments et sécuriser la traçabilité RH.

Quels sont les impacts d’un entretien professionnel bien mené sur la carrière d’un salarié bancaire ?

Un entretien bien structuré permet au salarié de :

  • Visualiser des opportunités concrètes de carrière : mobilité interne, évolution managériale, spécialisation.
  • Valoriser ses compétences et expériences grâce à la VAE ou à des certifications sectorielles.
  • Accéder à des parcours de formation cohérents alignés avec les ambitions personnelles et les enjeux du secteur.

Résultat : meilleure fidélisation, plus grande motivation et engagement renforcé dans les projets de l’entreprise.

L’entretien professionnel peut-il être combiné avec l’entretien annuel d’évaluation en banque ?

Oui, depuis une jurisprudence de juillet 2023, il est autorisé d’organiser l’entretien professionnel le même jour que l’entretien annuel d’évaluation, à condition formelle de différencier clairement les objectifs. Il est alors conseillé de :

  • Mettre en place des grilles distinctes pour chaque type d’entretien.
  • Prévoir deux séquences d’entretien séparées dans la même réunion.
  • Conserver une traçabilité RH spécifique pour le bilan à six ans.

Cela permet d’optimiser les calendriers RH tout en restant conforme aux exigences légales.

Comment éviter une sanction CPF liée aux entretiens professionnels ?

Pour éviter une sanction financière automatique de 3 000 €, les banques doivent s’assurer que :

  • Chaque salarié a bien eu au moins un entretien professionnel tous les deux ans.
  • Un bilan à six ans est formalisé avec preuve d’au moins une action de formation non obligatoire.
  • Les entretiens de reprise (congé maternité, longue maladie, etc.) sont réalisés sans oubli.

Le suivi via des outils SIRH et le croisement des données de formation et conformité sécurisent la démarche.

Les certifications comme l’AMF ou DDA doivent-elles être abordées lors de l’entretien professionnel ?

Absolument. Les certifications bancaires (AMF, DDA, LAB/FT) sont des leviers de professionnalisation et de mobilité interne. En entretien professionnel, elles doivent être :

  • Intégrées dans la réflexion stratégique du salarié sur son évolution.
  • Corrélées aux postes cibles ou passerelles métiers internes.
  • Positionnées comme jalons dans un plan d’action annuel RH individuel.

En les anticipant, l’entreprise valorise ses compétences internes et répond aux exigences réglementaires en continu.

Comment impliquer efficacement les managers bancaires dans les entretiens professionnels ?

Impliquer les managers est essentiel pour la réussite des entretiens professionnels. Voici comment y parvenir :

  • Former les N+1 sur les différences entre entretiens pro et évaluation avec l’appui de l’OPCO Atlas.
  • Fournir des kits sectoriels avec exemples de questions, passerelles possibles et offres de formation type.
  • Automatiser les relances et suivis dans le SIRH pour limiter les oublis.

Le manager devient ainsi un acteur de la montée en compétence et de la fidélisation des talents au sein de l’établissement.

Où trouver des modèles de grille pour un entretien professionnel en banque ?

Les RH bancaires peuvent trouver ou créer des grilles personnalisées en s’appuyant sur :

  • Les référentiels métiers internes (appui des DRH ou des directions conformité/formation).
  • Les ressources des OPCO sectoriels, notamment Atlas.
  • Des cabinets spécialisés en stratégie RH bancaire proposant des kits d’entretien sur-mesure.

Des trames distinctes pour chaque famille métier (conseiller, analyste, back/middle…) renforcent la pertinence et la clarté des échanges.

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